Par choix ou parce qu'il n'y avait que très peu d'ateliers de vitraux avant 1900, plusieurs églises anglicanes ont importé leurs verrières d'Angleterre. On retrouve ainsi au Québec des vitraux d'artisans anglais de très grande réputation qui apportent une belle diversification à notre patrimoine du vitrail.
Serge Rodrigue |
John Hardman (1767-1844): il était le patriarche de l'entreprise familiale de Birmingham qui a oeuvré dans le fer forgé et le vitrail jusqu'en 2008. Il a fourni notamment des verrières pour l'édifice du Parlement de Londres... qu'il a reconstruites après la deuxième guerre mondiale. Hors du Royaume-Uni, Hardman & Co a livré des vitraux au Canada, aux États-Unis et en Australie.
Thomas Ward (1808-1870), Henry Hughes (1822-1883): Ward débuta dans le vitrail en 1836 avec James Henry Nixon (1802-1857) à Londres. Leurs activités se sont poursuivies durant vingt ans jusqu'au décès de Nixon. Le nouveau duo, Ward & Hughes a produit un très grand nombre de verrières. Après 1870, leur design a évolué vers le mouvement esthétisme, donnant ainsi leurs plus belles oeuvres. L'entreprise fût en opération après leur décès jusqu'en 1920.
John Richard Clayton (1827-1913), Alfred Bell (1832-1895): ils ouvrirent leur entreprise en 1855 à Londres. La demande était si forte dans tout le Commonwealth que l'entreprise utilisa des méthodes de production d'usine. À son apogée en 1870, Clayton & Bell comptait 300 employés. Doté de bons moyens, les meilleurs verres et les meilleurs designs étaient utilisés. Et ça se voit, leurs vitraux ont beaucoup de détails et de brillance. L'entreprise continua ses activités jusqu'en 1993.
American Ecclesiastical Review, 1901 |
Sir Edward Coley Burne-Jones (1833-1898): artiste-peintre et artisan multi-disciplinaire et autodidacte, il a présenté ses toiles à la Grosvernor Gallery de Londres en 1877 où il est dès lors reconnu comme figure importante du mouvement esthétisme. Il est associé à William Morris, artiste multi-disciplinaire en arts décoratifs, pour la réalisation de plusieurs verrières. Il est anobli en 1894.
Henry Holiday (1839-1927): peintre et illustrateur, il a été influencé grandement par Burne-Jones. Il a été dessinateur de vitraux pour James Powell & Sons. Il quitte Powell en 1891 pour ouvrir son atelier. Il a dessiné plus de 300 verrières. Parmi elles, il y a un ensemble à l'abbaye de Westminster.
Serge Rodrigue |
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Cette imposante verrière, montée sous une structure élaborée, se distingue à plusieurs niveaux. Son illustration de l'Arbre de Jessé, qui est une représentation iconographique des ancêtres de Jésus, est unique au Québec. Elle est l'oeuvre de William Wailes, l'un des ateliers les plus prolifiques d'Angleterre au XIXe siècle.
En 1914, l'abbé Charles Roy dans son Compte-rendu de la visite de Monseigneur Stagni (Laflamme & Proulx), décrivait la magnifique verrière ayant « 32 pieds de hauteur par 20 pieds de largeur » et « de facture anglaise qui date de 160 ans. »
La réalité est un peu plus modeste: la verrière mesure 26 par 16 pieds et elle aurait été construite en 1849. Elle fut d'abord installée dans l'église de l'Immaculée Conception à Londres. On la remplaça par une autre verrière en juillet 1912. Les ateliers de John Hardman furent chargés de la démonter et de la restaurer.
Après un long travail diplomatique de la part du curé Joseph-Eugène Choquette de Lac Mégantic, la verrière lui fut concédée. L'abbé Roy ajoute que Choquette, « eut le bonheur de la remonter lui-même dans son église en juillet 1913. » On peut y croire: le curé Choquette se transformait en physicien à ses temps libres, bricolant microphone, téléphone, dynamo, accumulateur, éclairage et procédés photographiques. Il fut surnommé le prêtre électrique !