La restauration d'une verrière de Clayton & Bell est présentée. Elle a été produite en 1890 à Londres. Clayton & Bell était un important fournisseur de vitraux du Commonwealth britannique avec plus de 300 employés. Leurs verrières se démarquent par une peinture sur verre finement détaillée, d'une précision quasi-photographique.
Installés dans une église construite en 1886, les vitraux et le cadre de la fenêtre étaient très détériorés après plus de 130 ans d'âge. Une restauration s'imposait.
Les vitraux ont été entreposés pendant quelques années dans des caissons isolés. Ils étaient visiblement habités à l'ouverture de l'emballage.
Cette souris retrouve une nouvel environnement naturel mais assurément plus austère.
Les vitraux sont retirés des chassis. Les barres d'attachement en acier le seront éventuellement.
Certains cadres sont très détériorés. Le coin inférieur droit doit être reconstruit sur celui-ci.
Remplacement de la clé de voûte, pièce essentielle pour fixer solidement les ogives entre elles.
Le projet consiste à restaurer le chassis de la fenêtre et les vitraux. Le bois des cadres doit être remplacé par endroit en raison de la pourriture ou du fendillement. L'attachement des pièces doit être amélioré car il n'y a aucune visse ni ancrage sur ces chassis anciens. Enfin, un patient travail de rebouchage et de ponçage est nécessaire.
En ce qui concerne le vitrail, il valait mieux le reconstruire entièrement que le réparer. Avec le temps et le poids, le haut de la verrìere s'affaise sur la partie basse, créant une ondulation et ultimement la cassure des pièces.
Après avoir reproduit le dessin et bien noté les dimensions, le travail de déconstruction du vitrail s'amorce.
Il est facile de démonter les pièces une à une sur une verrière ancienne. Le mastic qui retient les verres se désagrège en sable. Le plomb est oxydé et fragilisé.
Les pièces cassées doivent être reproduite.
Il faut d'abord reproduire le dessin en décalquant la verrière sur papier à l'aide d'une table lumineuse. Le désassemblage des pièces de verre se fait presque sans outils sur ces vitraux âgés. Les pièces de verre cassées doivent être reproduite, particulièrement les visages, les mains et les pieds des personnages. Il s'agit de la partie la plus critique d'un projet de restauration. Un échec à cette étape fait perdre toute valeur au projet. Les images de restauration bâclée ne manquent pas de susciter la moquerie sur le web.
L'assemblage se fait en respectant les matériaux et les techniques d'origine c'est-à-dire le plomb et le mastic à base de poudre de craie et d'huile de lin. Des barres de renforcement sont ajoutées stratégiquement pour prévenir l'affaisement sans trop gêner la vue.
La peinture sur verre se fait sur une table lumineuse pour mieux visualiser la transparence. L'émail est cuit dans un four à céramique à 650 °C (1200 °F) pour une bonne durabilité.
Pour ces mains en prière, une couleur uniforme a été appliquée. Le motif a été tracé en retirant la peinture à l'aide d'une brosse et d'une pointe fine. Il ne reste qu'à ajouter les ombrages et la couleur du vêtement.
Après la reproduction des pièces de verre, l'assemblage se fait avec les mêmes techniques au plomb que le vitrail d'origine.
Un résultat satisfaisant
Le résultat est très satisfaisant. Il est assez difficile de distinguer les pièces reproduites parmi les pièces originales. Les plombs sont droits, le vitrail est plat, la lumière passe généreusement au travers du verre. Dans un cadre en bois remis à neuf et peint avec un léger lustre, cette verrière est dans le même état qu'à sa sortie des ateliers de Clayton & Bell il y a 130 ans.